Pour déterminer si vous souffrez d’un Trouble Anxieux Généralisé (TAG) ou simplement d’une « anxiété » plus ponctuelle, il peut être utile de se pencher sur trois dimensions : la durée, l’intensité et l’impact sur la vie quotidienne.
Les critères officiels (DSM-5, CIM) servent de base pour les professionnel·le·s, mais vous pouvez déjà vous poser quelques questions pour distinguer l’anxiété « normale » d’un possible TAG.
1. La durée des symptômes
- Anxiété ponctuelle (normale) : Se manifeste face à une situation particulière (examen, entretien d’embauche, conflit, etc.). Elle est généralement brève et se résorbe quand l’événement stressant a pris fin.
- TAG : Selon les critères diagnostiques, les symptômes d’inquiétude excessive doivent être présents la plupart du temps, pendant au moins 6 mois, et porter sur plusieurs domaines de la vie (travail, finances, santé, entourage, etc.).
Question à se poser : « Depuis combien de temps je ressens cette anxiété ? Est-ce qu’elle perdure presque tous les jours, depuis des mois ? »
2. L’intensité et la nature de l’inquiétude
- Anxiété ponctuelle : Les inquiétudes peuvent être légitimes et proportionnées à la situation (ex. stress avant de parler en public), même si elles demeurent désagréables.
- TAG : L’inquiétude est souvent excessive ou disproportionnée par rapport au risque réel. La personne anticipe systématiquement le pire et a beaucoup de mal à se rassurer.
Question à se poser : « Est-ce que mes inquiétudes semblent objectivement exagérées ? Ai-je l’impression de ‘ne pas pouvoir m’en empêcher’, même si je sais que c’est peut-être démesuré ? »
3. L’impact sur la vie quotidienne
- Anxiété ponctuelle : Même si l’anxiété peut être forte, elle ne bloquent pas forcément votre fonctionnement à moyen ou long terme. Une fois la situation stressante réglée, vous retrouvez un état plus serein.
- TAG : L’anxiété devient handicapante. Elle peut perturber votre sommeil, votre concentration, vos relations. Vous pouvez avoir des symptômes physiques (tensions musculaires, douleurs, maux de ventre, etc.) régulièrement.
Question à se poser : « Est-ce que cette anxiété perturbe mon sommeil, mes études ou mon travail, ma vie de famille, mon couple ? Me coûte-t-elle tellement d’énergie que je peine à faire face au quotidien ? »
4. Les symptômes associés (selon le DSM-5)
Pour le Trouble Anxieux Généralisé, on retrouve typiquement au moins trois des symptômes suivants (chez l’adulte) :
- Agitation ou sensation d’être survolté ou à bout.
- Fatigabilité (se sentir vite épuisé).
- Difficultés de concentration ou trous de mémoire.
- Irritabilité.
- Tension musculaire.
- Perturbation du sommeil (difficultés d’endormissement, sommeil agité ou non réparateur).
Si vous vous reconnaissez dans plusieurs de ces symptômes, de manière quasi-quotidienne, depuis plusieurs mois, cela penche davantage vers un TAG qu’une anxiété passagère.
5. L’évaluation professionnelle
Même en observant ces critères, seul un·e professionnel·le de santé mentale (psychologue, psychiatre, médecin formé) peut poser un diagnostic formel. Pourquoi ?
- Il faut parfois exclure d’autres causes (ex. hyperthyroïdie, effets secondaires de médicaments, autres troubles).
- Les troubles anxieux sont souvent comorbides avec d’autres affections (dépression, phobie sociale, etc.).
- Le diagnostic requiert un entretien clinique approfondi et éventuellement des questionnaires standardisés.
6. Quelques repères pour l’action
- Tenir un journal de bord de l’anxiété : Notez les moments où vous vous sentez anxieux·se, l’intensité de votre anxiété (sur une échelle de 0 à 10), la durée, les situations déclenchantes, vos réactions (rumeurs, pensées, évitement, etc.).
- Essayer des techniques de gestion du stress : Relaxation, méditation de pleine conscience, respiration diaphragmatique, etc.
- Consulter un·e professionnel·le : Un·e psychothérapeute spécialisé·e en TCC (thérapie cognitivo-comportementale) pourra vous aider à clarifier votre situation et à adopter des stratégies concrètes de gestion de l’anxiété.
- Penser à l’environnement : Sommeil suffisant, activité physique régulière, limitations de stimulants comme la caféine, soutien social. Ces éléments peuvent réduire notablement le niveau d’anxiété chronique.
En résumé
- Anxiété « normale » : Liée à des événements ponctuels, relativement gérable, se résorbe quand la situation est passée.
- TAG : Inquiétude excessive, persistante (au moins 6 mois), portant sur plusieurs domaines de la vie, avec des symptômes physiques et émotionnels qui nuisent au fonctionnement quotidien.
Si vous suspectez un TAG (ou un autre trouble anxieux), n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec un·e professionnel·le pour un bilan.
Un diagnostic précoce peut permettre de mettre en place des stratégies thérapeutiques efficaces et d’éviter que l’anxiété ne vous limite trop longtemps dans votre vie de tous les jours.